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Auteur: Maurice Gaudefroy-Demombyne
Editeur: Ernest Flammarion Editeur - Paris - 1921
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Ernest Flammarion Editeur - Paris - 1921
En 1921, il publia chez Flammarion, dans la « Bibliothèque de culture générale », Les Institutions musulmanes. C'est un livre petit par son format et le nombre de ses pages, mais si riche par son contenu qu'il eût presque suffi à fonder la réputation de son auteur. Deux fois réédité, en 1931 et en 1946, c'est sans doute de tous les ouvrages de Gaudefroy-Demombynes le plus connu du grand public, pour qui il a d'ailleurs été écrit. Solidement documenté et harmonieusement charpenté, il réalise un véritable tour de force. Après avoir délimité le domaine de l'Islam et caractérisé chacune des langues par le moyen desquelles s'exprime sa pensée, il décrit l'état du monde arabe avant la venue de Mahomet, résume la vie du prophète et les étapes de sa prédication, raconte la naissance de la nouvelle religion monothéiste, retrace l'histoire de la première communauté des croyants et des différentes sectes qui ne tardèrent pas à la diviser, expose, les dogmes de l’Islam et décrit son rituel. Après ces chapitres préliminaires, l'ouvrage procède à une analyse de la vie sociale sous ses divers aspects, individu, famille, gouvernement, conditions économiques, sans oublier les manifestations culturelles ; littérature et arts. A travers ce tissu serré de données historiques et de faits sociaux, transparaissent, comme les fils d'une trame, quelques-unes des idées chères à l'auteur : persistance dans l'Islam des coutumes et des cultes anté-islamiques, caractère anarchique de la société arabe et caractère foncièrement citadin de la religion musulmane, influence des anciennes puissances politiques de l'Asie antérieure sur le système administratif des Arabes en pays conquis, influence du concept asiatique de la royauté divine sur le califat, rôle des sectes dans l'évolution politique et religieuse des Arabes, importance des facteurs économiques sur le développement de leur histoire. D'un style limpide et dépouillé, ce petit volume est un modèle de synthèse prudente et de vulgarisation de bon aloi.
Maurice Gaudefroy-Demombynes, né le 15 Décembre 1862 à Renancourt-lès-Amiens, mort le 12 Août 1957 (à 94 ans) à Hautot-sur Seine, est un arabisant français, spécialiste de l'islam et de l'histoire des religions. Il fit ses études primaires au lycée de sa ville natale, après quoi, à partir de 1875, il fréquente à Paris le Lycée Louis-le-Grand. Ses études secondaires terminées, il suivit de 1881 à 1883 les cours de la Faculté de Droit, en même temps que l’enseignement d’Alfred Croiser et d’Ernest Lavisse à la Sorbonne. En 1884 il passa avec succès son examen de licence de droit, et sa formation juridique devait lui être plus tard d’une grande utilité pour l’étude du droit coranique et des institutions musulmanes. De 1891 à 1895 il vécut entre Alger et Paris. A l’école des lettres d’Alger il étudiait avec rené Basset l’arabe et le berbère. En 1894 il obtient son diplôme d’arabe à l’Ecole des Langues orientales de Paris, et l’année suivante à Alger, le diplôme d’arabe et de berbère. Son premier poste fut celui de directeur de la médersah, c'est-àdire de l'école supérieure musulmane, à Tlemcen. Cette école devait être transformée suivant une orientation nouvelle, et ce fut pour Gaudefroy-Demombynes l'occasion de batailler pendant trois ans. Cinquante ans plus tard, dans son autobiographie, il confesse : « Absorbé par mon métier, je ne gagne point l'aisance à parler tlemcénien que j'aurais dû acquérir ; mon successeur William Marçais sera d'une autre qualité ». En 1911, il publia une traduction des Cent et une nuits, « spécimen du genre littéraire dont les Mille et une nuits sont le type classique ». Les récits en sont d'ailleurs apparentés à ceux du célèbre recueil de contes, et dérivent peut-être d'un prototype plus ancien. Le Manuel d'arabe marocain en collaboration avec Louis Mercier, publié en 1913 et réédité en 1925, est un livre de caractère pratique destiné, par son introduction, à faire connaître le Maroc, et par sa partie didactique, à enseigner l'essentiel de la langue arabe parlée dans le pays, et à donner par surcroît quelques notions de berbère. Ses travaux les plus connus sont ses études historiques et religieuses sur le pèlerinage de La Mecque, ainsi que sur les institutions musulmanes. Il a également traduit en français dans une édition annotée le récit des voyages de l'écrivain et explorateur arabe Ibn Jubair (1145-1217). Un ouvrage fondamental important est également son livre écrit d'après des auteurs arabes et concernant la Syrie à l'époque des mamelouks. Son œuvre historique est novatrice pour l'époque, en ce sens qu'il ne dissocie jamais le récit des événements de ce qui est, écrit-il, « l'une des questions essentielles de l'histoire et de la civilisation musulmanes : le milieu social, les réalités économiques, l'existence spirituelle des diverses classes de la société aux diverses époques et dans les divers pays ».